mercredi 24 février 2010

Feuilles au vent

À travers les fenêtres de mon appartement, les paupières grandes ouvertes, j'observe mon monde. Aujourd'hui, mon monde est gris, lourd. Les forces de la nature semblent se déchaîner dans les cieux. Le vent transporte sur ses ailes, des airs de planète triste. Le ciel se fait pesant, mais semble trop retenu pour se déverser en ondée. Il s'écoule donc, ça et là, en petites gouttelettes d'eau, larmes venant épouser le silence poreux régnant aux alentours. Il n'y a que le vent qui semble valser dans les bras du silence et lorsqu'on tend l'oreille, on l'entend murmurer qu'il est heureux... Il est heureux de donner dans cette danse mouvementée, dans ce tourbillon qui appelle à l'écoute des éléments. "Je suis libre", semble-t-il soudain crier, dans une vague puissante déferlant dans les arbres et les herbes. Sa fougue est telle, qu'elle courbe l'échine des roseaux qui se prosternent devant sa force et sa grandeur. Tapies dans l'ombre de leur repères protecteurs, les bêtes saluent son passage en ne faisant qu'accepter la puissance de sa présence. Pourquoi s'évertuer à tenter de vaincre le vent? Puisqu'il est là, qui règne sur l'aujourd'hui. "Laissons-le s'exprimer dans toute la force de son verbe, car c'est dans ce mouvement qu'il est", semblent se dire les éléments.

Et quand subitement, le ciel se met à pleurer d'une intensité qui laisse sans voix, l'on comprend que l'eau vient épouser ce vent pour ne plus faire qu'une avec lui. C'est ce que l'on nomme l'union des âmes Ensemble, il forment un véritable orchestre où l'harmonie n'a d'égale que la virtuosité des plus grands maîtres de musique. S'en suit un ballet où les feuilles se font cygnes gracieux à la cime des arbres. C'est là une beauté qui ne peut trouver mots assez justes pour traduire sa réalité. Il ne reste plus qu'aux éclairs à venir éclairer la scène de ce spectacle aussi superbe qu'émouvant.

Nous sommes tous un peu comme ces feuilles... Parfois bercées par une brise douce et caressante, parfois bouleversées par un vent qui vient nous fouetter jusqu'au coeur. Nous naissons bourgeon, nous nous ouvrons au soleil, petites pousses jeunes et vierges, tendres et flexibles. Nous poussons, nous atteignons la maturité, puis, un jour, il ne suffit que d'un souffle pour que nous nous envolions au vent, communion parfaite de notre âme qui retourne à l'univers, à l'infini... Nous sommes des feuilles... connectées à la Terre par les racines, mais appartenant aussi au ciel. Et lorsque la fin arrive, c'est en réalité un début qui recommence. Car la vie est ainsi faite qu'il n'y a pas de commencement, ni de fin... Seulement la simple continuité de tout ce qui a été, est et sera. La fin est illusion... Car rien ne se perd, rien ne se crée... Tout se transforme.

La brise devient vent
Le vent devient pluie
La pluie devient neige
La neige devient glace
La glace devient eau
L'eau devient vie
La vie devient feuille
La feuille devient vent...

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