lundi 22 février 2010

La main tenant le présent

Aujourd'hui est une journée comme les autres, diraient certains... Moi je ne trouve pas. D'un point de vue superficiel, il est vrai que les éléments de ma journée ne semblent pas être si différents des autres jours... Pourtant, rien n'est pareil, si tant est que la différence n'est pas toujours apparente au premier regard, ni manifeste. Aujourd'hui, je me suis levée avec une vive impression d'être extrêment fatiguée. J'avais un mal de tête lancinant, les paupières lourdes, les sinus emplis de congestion. En bref, le lever du corps me sembla quelque peu pénible ce matin. Mais allais-je vraiment me laisser envahir par mon mal de tête? Non. Ce matin, j'ai décidé de vivre tout de même à plein cette journée, en essayant de me la rendre la plus agréable possible, dans les circonstances. Après tout, le soleil est là qui me dit bonjour et on dirait que le printemps est venu frapper aux portes de Carquefou. C'est un jour superbe et ce serait presque me faire violence que de ne pas en profiter!

Je suis donc partie, ce matin, faire un brin d'exercice dans ce paysage aux airs de printemps. J'enfilai une tenue de sport et je me trouvai très comique avec mon look à l'Américaine : des leggins tombants sur mes chaussures sport un peu trop blanches...! Mais ô diable le "de quoi j'ai l'air"! Je m'en allais tout simplement être bien. C'est ainsi que je partis, cheveux attachés à la sauvette et l'esprit libre. Je me sentais encore congestionnée, mais mon attention se portait sur tant d'autres choses... Le fait d'être là, dehors, entourée de tant de beauté venait dilluer mes petits malaises. Le lac était absolument magnifique, scintillant sous les cieux enluminés d'or. On aurait dit que le lac souriait au soleil. Ça et là, des corbeaux s'affairaient à picorer les trouvailles du moment, tandis que des poules d'eau prenaient garde de s'enfuir lorsque - dans ma course - j'arrivais trop près d'elles. C'était très amusant de les observer se dandiner à la vitesse de l'éclair pour tenter de me semer!

Dans mes petites philosophies matinales, je me suis prise à être émue, dans cette nature accueillante et chaleureuse. Le vent transportait des fragrances de printemps et je me trouvais choyée d'être là, marchant, sur les sentiers de Carquefou. C'était un pur moment de bonheur et je regrettais déjà ces lieux, songeant à notre éventuel retour à Québec... Mais était-ce vraiment ces lieux que je regrettais au fond de moi ou était-ce que je craignais de perdre trop vite cet état de grâce? Cela demeure à méditer... Mais je sais que déjà, je m'éloignais de l'essentiel à me poser ces questions. Je me suis donc ramenée à l'ici-maintenant, en me parlant très fort intérieurement : " Reviens au présent! Oublie les tracas et les questionnements et vis! Vis maintenant, car si tu vis pour demain, tu perds le vrai sens du verbe vivre!" La main tenant le présent... Maintenant le présent...

Souriante, j'ai poursuivis mon chemin tranquille en me concentrant sur ma respiration et sur les bienfaits de ma cure Carquefolienne. Serez-vous surpris si je vous dis que mon mal de tête n'était déjà plus et que je me sentais mieux? Quoi de mieux comme cure de jouvence que de vivre des instants de plaisir? On se refuse si souvent ce genre d'instants, faute de mille prétextes. Et il y a certes des raisons majeures qui viennent brimer le plaisir ou qui l'empêche d'être ressenti. Ce qui importe, c'est de lui accorder une place dans sa vie, afin qu'il ne se perde pas. Car à force de se contenir dans des modes de vie qui annihilent le plaisir et le bonheur, c'est en-dedans que l'on meurt...

Prendre plaisir, c'est se laisser transporter dans l'euphorie d'un moment, c'est jouïr parfois d'instants d'intense joie, c'est abaisser ses propres barrières afin de contacter ce petit enfant en nous qui désire s'éclater! Le plaisir implique de se dégager un peu de ce Surmoi qui nous empêche de lâcher-prise et de se laisser aller. Après tout, le lâcher-prise, ce n'est que le contraire du contrôle. L'absence de contrôle peut être très déstabilisante, mais c'est parfois dans l'expérimentation de la maîtrise du contrôle que - paradoxalement - on peut arriver à prendre plaisir! Maîtriser ses propres modes de contrôle c'est, pour moi, rétablir l'équilibre entre ce qui nécessite de la part de soi un certain contrôle et ce qui peut s'en passer.

Il est même possible de se permettre une liberté dans un cadre. Effectivement, il existe une infinité de possibles, bien que nous-mêmes nous imposions des façons de faire, d'être, de penser, de se comporter. À la limite, je dirais même que la contrainte peut servir de tremplin à l'expérimentation de ce qu'est la liberté. La contrainte peut devenir une véritable occasion d'emprunter le chemin le moins fréquenter. Et si la contrainte était en fait illusoire?

1 commentaire:

  1. Main tenant le présent............ j'adore ça. Ça prend tout son sens....... Bravo ma belle amie, tu es magnifique tant au dedans qu'au dehors...

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